Aujourd’hui, on n’a plus le droit … Ni d’avoir faim, ni d’avoir froid … Dépassé le chacun pour soi

27 juillet 2021

La mise en place d’un tarif dégressif pour la cantine scolaire pour la rentrée de septembre 2021 pose un sérieux problème.

Une délibération du Conseil Municipal du 26 mai 2021 : «le Conseil Municipal a acté la mise en place d’un tarif dégressif pour la cantine scolaire des écoles publiques et privées» avait recueilli l’adhésion du groupe municipal Allez Ducey.

La réunion de la municipalité du 28 juin 2021, regroupant maire et adjoints, est revenue sur cette équité de traitement : «le dispositif ne s’applique pas aux élèves des écoles privées dont la restauration n’est pas fournie par la commune».

Il est même précisé que : «cette problématique a été étudiée par les membres du Centre Communal d’Action Sociale lors du conseil d’administration en date du 23 juin 2021. A la majorité, ces derniers ne semblent pas favorables à la mise en place d’une aide à destination de l’école privée».

Le texte national présente une lacune quant aux repas servis par l’école privée qui possède son restaurant scolaire. Mais au lieu le corriger cette disparité par une mesure sous l’égide du CCAS, la majorité municipale rejette toute participation. Cette option purement locale est possible, mais très injuste.

En l’espèce, il ne s’agit pas d’un choix entre établissement public et établissement privé, mais de pourvoir universellement à la nourriture d’enfants dont le repas scolaire est parfois le seul repas de la journée.

C’est cette orientation que le groupe municipal Allez Ducey a défendue lors de la commission des finances du 29 juin 2021. Les positions avaient évolué puisque dans son compte rendu, il est précisé : « Il a été décidé, à l’unanimité, de réunir le CCAS avant le 20 juillet pour proposer une aide à la restauration scolaire pour les élèves résidants sur la commune de Ducey-Les-Chéris et fréquentant l’école privée ».

Malheureusement cette unanimité n’a duré que 6 jours. Lors du Conseil Municipal du 5 juillet 2021, madame le Maire n’a évoqué que l’aspect de la restauration des enfants des écoles publiques en renvoyant ultérieurement au 12 juillet, le sort des enfants de l’école privée par un nouveau conseil d’administration du CCAS.

L’on voit bien les dangers d’une demi-mesure génératrice de discordance entre repas servis par le restaurant scolaire public et le restaurant scolaire privé.

En moins d’un mois, le CCAS dernier aurait dû se désavouer, en tout ou en partie. L’orgueil ou le détachement de cette instance l’a emporté sur la raison d’assurer un repas aux enfants : le 12 juillet, le CCAS a décidé de … ne rien décider en renvoyant pudiquement leur hypothétique décision à … fin août 2021 …

La raison officielle : un manque d’information. Si cette instance s’appelle bien Centre Communal, il n’y a aucune Action et rien de Social. Odieux.

Nos craintes ne se limitent pas à cette prise en charge administrative. Dans les débats du Conseil Municipal du 5 juillet, le positionnement personnel de madame le Maire tentait, au travers la restauration scolaire, de réactiver le très vieux débat entre scolarisation publique et scolarisation privée, les enfants n’étant qu’un prétexte : «Les parents qui mettent les enfants dans leurs écoles, ça ce discute».

Il est des cercles où la rancœur idéologique se transmet de générations en générations pour assouvir un vieux combat : madame le Maire y a pensé, la majorité municipale l’a fait.

Vous ne trouverez aucune ligne de ces échanges dans le compte rendu du Conseil Municipal. Fidèle à sa ligne de conduite d’être transparents envers la population, le groupe Allez Ducey a transcrit les débats de cette réunion à partir de l’enregistrement numérique. Vous en trouverez des extraits ci-dessous.

«Ce n’est pas vraiment de ma faute s’il y en a qui ont faim. Mais ça le deviendrait si l’on n’y changeait rien». Coluche.

Délibération sur la mise en place d’un tarif dégressif pour la cantine scolaire publique

Monsieur Levoyer
Il ne s’agit pas d’un débat entre l’école publique et l’école privée, il s’agit d’un débat d’enfants qui ne mange pas forcément à leur faim ou qui n’ont pas forcément un repas par jour. Qu’ils soient à l’école publique ou qu’ils soient à l’école privée n’y change rien ce sont des enfants, point final. 

Donc il serait malheureux que ces enfants restent au bord de la route : quand on a faim, on a faim. Il serait dommage que l’on plaide partout que la faim de par le monde n’a pas de frontière et il ne faudrait surtout pas qu’une frontière artificielle se créée à l’intérieur de notre propre commune. 

Il faut savoir aussi, comme l’a souligné d’ailleurs ma collègue tout à l’heure, que les enfants qui vont à l’école privée ne sont pas forcément des enfants de fortunés. Il y a aussi des enfants de condition sociale très modeste qui vont à l’école privée.

Dire, j’ai entendu cela même encore ce soir, que cela peut être un choix, que le restaurant de l’école privée peut revenir dans le giron du restaurant de l’école publique, c’est vrai. Mais c’est vrai aussi qu’il y a des contrats liant ce restaurateur de l’école privée qui si cela se trouve se terminent dans 2 ou 3 ans. Il n’empêche que les enfants ne vont pas attendre 3 ans pour manger. 

Madame Labiche
Vous l’avez dit tout à l’heure c’est un choix. Alors d’accord, ce n’est pas un choix des enfants, mais c’est bien les parents qui paye la cantine qui sont responsables de leurs enfants.

C’est un avis peut être très personnel, mais bon, on n’a pas vocation normalement d’aider.

Monsieur Levoyer
Madame le Maire votre position me dérange …

Madame Labiche
Ça va devenir deux choses différentes par rapport à l’aide.

Monsieur Levoyer
Deux choses différentes avec un objectif équivalent.

Madame Labiche
Ça ce discute.

Monsieur Levoyer
Eh bien voilà c’est bien ce qui me dérange : ça se discute. Pour vous, ça se discute. Pour que les enfants mangent, ça ne se discute pas. 

Madame Labiche
Les parents qui mettent les enfants dans leurs écoles, ça ce discute.

Monsieur Levoyer
Ce n’est pas vraiment la réalité du terrain. Franchement, il y a des parents qui mettent leurs enfants dans les écoles privées par choix pratiquement obligatoire. Il faut arrêter avec ce schéma de pensée.

On n’est plus en 1905. La séparation de l’Eglise et de l’Etat, c’est fini. Ça fait 115 ans que c’est terminé. Est-ce que l’on peut avancer ? On n’est pas dans un débat idéologique entre l’école privée école publique. On est dans un débat où les enfants doivent manger, qu’ils soient au restaurant privé, ou qu’ils soient au restaurant public.

C’est une forme de punition. C’est un peu revanchard que de dire : t’es dans le privé, l’établissement n’a pas voulu continuer avec la restauration publique, l’on va le punir.

Qui l’on punit ? L’on ne punit pas le Directeur de l’établissement privé. L’on ne punit même pas les parents qui ont mis les enfants dans ce système là. L’on punit les enfants. On les prend en otage.